Il existe une multitude de jeux d'emboitement pour les enfants, "adaptés à partir de 6 mois" (selon les recommandations des fabriquants de jouets). Cependant, j'ai remarqué que les jeux qui plaisent aux plus petits (à partir de 6 mois), sont principalement les jeux avec des effets sonores. Les tres petits de cet âge ne s'interressent que peu, aux jeux d'emboitement.
Je retente donc l'expérience aujourd'hui avec des "grands" de deux ans.
Nous allons expérimenter les formes et les "empreintes" de ces formes à travers plusieurs jeux.
Le hasard décide que nous commencerons par explorer les perles.
Notre jeu de perles est constitué de grosses perles en bois, aux formes d'animaux, et de différentes couleurs.
Il comprend deux fils verts, semblables à des lacets de chaussures avec un embout plastifié rallongé pour bien "traverser" les perles.
Le but : enfiler une perle sur le fil, sans aide. Voici déjà un exercice complexe de motricité fine, de réflexion et de patience. Mais les enfants comprennent bien vite le "comment du pourquoi" et avant même que je n'ai le temps de m'asseoir à côté, une perle est déjà enfilée. Je demande donc d'en mettre "beaucoup" sur le fil (c'est à dire plusieurs), objectif atteint en "moins de deux".
Devant une telle facilité, on peut compliquer un peu la séance en demandant d'enfiler un animal précis ou une couleur déterminée. Mais le destin des perles ne consiste pas seulement à être enfilée patiemment, M*** joue à donner à boire à certaines perles en forme d'animaux, tandis que Ch*** préfère les jeter pour tester leur sonorité sur le sol.
Ensuite, pour rester dans cette dynamique expérimentale, je propose des jouets à emboiter divers.
On commence par regarder l'escargot à formes, un animal dont la coquille se remplit, se vide, se ferme avec un clapet, et qui contient des blocs de différentes formes et de différentes couleurs. Le principe du jeu est de faire passer les formes dans le clapet fermé mais "troué" par l'empreinte de ces formes.
La séance commence par un remplissage rapide et tintant de la coquille restée ouverte. Puis je montre que l'on peut aussi faire passer les blocs à travers le clapet fermé. M*** parvient sans problème à reconnaitre deux empreintes sur trois, tandis que Ch*** reproduit prudemment le geste de sa camarade.
Autre aspect sympathique de ce jeu : les blocs de l'escargot s'empilent également les uns sur les autres. Voici une occasion de réaliser des "tours" en jouant avec l'équilibre. Ch*** plus interessée par les "tours" que les "empreintes" de la coquille, persévère dans l'exercice et parvient à en cumuler cinq avant l'effondrement. Bien sûr, l'effondrement des blocs assure une partie non négligeable du spectacle et de l'intérêt du jeu.
Je dépose ensuite sur le tapis de jeu les boites gigognes. Ces boites qui s'empilent par ordre de grandeur ont généralement leur succès. Mais s'il est facile de sortir les boites les unes des autres, il est plus complexe de les remettre les unes dans les autres. Il faut comprendre que les petites vont dans les grandes et déterminer lesquelles sont un peu plus petites et un peu plus grandes que les précédentes. Quelle aventure intellectuelle lorsqu'on a deux ans !
Enfin, M*** décide d'explorer les "ressorts" de Mr Patate. Ce jeu consiste à enfiler sur le corps d'une pomme de terre des élements choisis par l'enfant, et représentant le corps humain. On peut ainsi ajouter à l'exercice de motricité fine d'emboitage, une réflexion sur l'image du corps et de soi. M*** parvient sans peine à mettre les bras à leur place, ainsi que les yeux, la langue et le chapeau, sans oublier les lunettes. Bien sûr, les lunettes sont essayées par les enfants : si les accessoires vont à Mr Patate, pourquoi pas à soi-même ?
Encore une séance qui part dans tous les sens, des jeux détournés, retournés pour mieux les comprendre, et appréhender le monde ainsi que sa propre place d'enfant. Décidement que d'enjeux dans les jeux ;