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Les premières identifications de l'enfant, les figures de anti-héros

Les enfants de 2 à 3 ans entrent dans la phase d'identification aux adultes en enfilant les chaussons des grands, en accusant le poupon d'avoir fait un gros caca dégoutant ou en faisant le marché et la dinette.
Mais s'ils aiment s'identifier aux figures référentes des adultes, ils s'attachent parfois aussi aux figures négatives ou effrayantes issus des livres ou de l'imaginaire collectif. De même que les adultes référents ont des aspects plus sombres ou angoissants notemment lié à leur autorité, les enfants imitent cette autorité en punissent leur poupée, en lui "faisant mal" (comme le docteur) avec la  piqure, ou en répétant les mots interdits des adultes par exemple.
 
Depuis peu, C*** 3 ans, s'identifie à ces figures complexes, à la fois autoritaires et "fautives", qui font des choses interdites. Il croque ses camarades de jeu à l'aide d'un crocodile en plastique ou "chipe" les jouets que les camarades ont dans les mains comme les renards rusés et un peu sournois des contes. Il chantonne encore régulièrement la chanson du loup qui se promène dans les bois et qui est défié par les enfants provocateurs. 
Les figures effrayantes sont nombreuses dans l'imaginaire collectif et dans les contes pour enfant. Les contes de fées destinés aux enfants sont d'ailleurs les plus effrayants qui soient. On n'y parle que d'enfants perdus dans la forêt, abandonnés par leurs parents (le petit poucet), menacés par les loups, les dragons, par une méchante belle-mère (Blanche Neige), un ogre ou un méchante sorcière affamée (Hansel et Gretel)...
Les contes traditionnels sont par excellence des mises à l'épreuve pour les enfants ( ceux du conte mais aussi les petits lecteurs). Ils doivent affronter leur peur, leur solitude et les menaces angoissantes qui pèsent sur eux. Mais le but de cette épreuve est de les surmonter, pour grandir. La victoire remportée sur les effroyables figures montre la bravoure du petit héros, démuni, mais courageux, de même que la victoire du petit lecteur qui vit par procuration cette épreuve angoissante. 
Les contes traditionnels sont violents, effrayants, et les sous-entendus "grivois" sont légion (pour les curieux, voir l'ouvrage "La psychanalyse des contes de fées", de Bruno Bettelheim).
Il s'agit aussi pour les enfants qui entendent tout, y compris ce qui est caché, d'affronter notamment la question de leur identité sexuelle et de leur place dans le monde des adultes. L'enfant sera t-il terrassé par le loup (c'est à dire sera t-il passif, impuissant face à la bête), ou sera t-il victorieux, sera t-il le maître de l'action, et son héros ? L'enfant victorieux cesse en effet d'être un simple spectateur, de subir l'autorité ou la puissance des adultes, pour grandir, s'imposer et imposer ses propres souhaits et son identité naissante.   
C'est donc bien d'avoir peur...mais il faut bien sûr être prêt(e)...
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