Suite à la lecture d'un article consacré au mode d'accueil que représentent les assistantes maternelles, je retiens qu'il y est déconseillé de mélanger des enfants d'âge trop différents. Il est notamment souligné les inconvénients pour un nourrisson de fréquenter un enfant d'âge scolaire, les rythmes de siestes sont différents et les heures de sorties d'école sont "fixes".
Cette question peut effectivement être posée, mais il faut parfois jouer à l'avocat du diable pour vérifier le bien fondé (ou mal fondé) d'une situation.
Un nourrisson qui subira les allées et venues du camarade scolarisé sera sans doute un peu dérangé par les sorties vers l'école, son rythme de sommeil en sera peut-être altéré. Cependant, pour le constater régulièrement lors de mes propres allées et venues jusqu'à l'école, les nourrissons semblent peu dérangés dans leur poussette et dorment souvent à poings fermés, qu'ils aient été réveillés ou pas pour une séance d'habillage hivernal. Cette promenade imposée, certes un peu dérangeante, permet en outre de prendre un bol d'air frais, ce qui est rarement nuisible, même par des températures négatives (les microbes n'aiment pas le froid).
La question inverse peut aussi se poser. Un enfant en accueil "périscolaire" sera t-il "dérangé" par le rythme plus lent d'un nourrisson ? les heures de promenade étant souvent dictées par les impératifs de sieste des plus petits ? Un peu sans doute, mais cette adaptation au rythme du camarade ne fait-elle pas aussi partie des apprentissages de la vie en société, que ce soit chez le nourrisson ou chez l'enfant scolarisé ?
Le nourrisson diminue progressivement la durée de ses siestes pour se rapprocher du rythme d'un petit enfant et le petit enfant dormait beaucoup il n'y a pas si longtemps. Il faut donc faire preuve de patience et de tolérance à l'égard du camarade différent.
Le seul souci qui m'apparait en réalité important dans cette mixité des âges des enfants accueillis, est le "mélange des germes" entre enfants scolarisés et nourrissons. Tandis que chacun se prépare à affronter les virus de l'hiver et les bactéries opportunistes, personne n'est "à la même enseigne" : tandis que le système immunitaire du nourrisson est en construction (notamment à l'aide des vaccinations), celui de l'enfant est immédiatement mis au travail car il est prêt à se défendre. Un rhume chez un enfant et chez un nourrisson n'a pas le même impact. Le canal nasal du nourrisson étant tres mince, il se trouve tres vite encombré et le mouchage/rinçage reste pénible, tandis qu'un enfant scolarisé pourra se moucher ou signaler qu'il est importuné par son rhume.
Pour aborder l'ultime question des jeux, il semble évident qu'ils ne peuvent pas être partagés car le décalage moteur et intellectuel est important. S'il faut laisser au nourrison le temps de grandir, de mûrir son système nerveux et sa motricité pour développer ses apprentissages, l'enfant scolarisé est déjà alerte et prêt à toutes les expériences (d'où sa scolarisation).
Cependant, le nourrisson "se nourrit" aussi par le regard, il "absorbe" ce qu'il voit avant de pouvoir y toucher et le manipuler. Et si l'échange semble limité, il existe réellement. D'autre part, l'enfant scolarisé, apprend aussi à "faire attention" aux plus petits, à témoigner de l'empathie (alors qu'il est entré dans la phase symbolique, la phase d'imitation), voire à "faire la maman" bis, un autre échange qui ne dit pas son nom mais qui a également toute son importante.
Comme pour toutes ces petites choses qui ne disent pas leur nom, semblent anodines et qui sont fondamentales, pourquoi donc systématiquement guéter ces signes de complicité entre des enfants d'âge mixtes ? Ils savent communiquer autrement (il suffit de les regarder éclater de rire ou sourire sans raison apparente), sans nos mots, sans nos gestes mais quoiqu'il en soit à la perfection...