En observant les enfants jouer, certaines scènes sont parfois difficiles à comprendre...tout de suite.
Il faut parfois attendre quelques semaines (voire quelques mois) pour comprendre une situation ou l'attitude d'un enfant. Heureusement que je ramasse tous les petits cailloux et finit par trouver un chemin vers quelque part (enfin, je crois....)
Les enfants actuellement accueillis à la maison trois ans juste révolus ou trois ans prochainement sont sur la même longueur d'onde en ce qui concerne le partage DU jouet.
Les chamailleries se multiplient. L'enjeu (ou plutôt le prétexte) : les jouets.
- "c'est mon jouet, c'est mes affaires, c'est à moi, c'est mon mien" !!!!
Bien que les jouets de la maison soient tous collectionnés en double voire en triple exemplaire, c'est évidemment la copine qui a le plus joli seau, la seau de la bonne couleur pour faire telle ou telle chose, ou encore le verre dans lequel on se désaltère le mieux.
Mais les chamailleries ne sont qu'une occasion de s'affirmer face à la copine ou au groupe, avec qui il faut partager les jouets et l'espace de jeu, c'est à dire se limiter soi-même.
Or lorsque l'on grandit on se développe, on a besoin d'espace, de liberté et on se passerait bien des limites (même si elles sont aussi rassurantes).
On affronte donc tous les obstacles à son envie de grandir en s'imposant par la force le plus souvent : on s'empare du jouet dans les mains de la copine, on récupère le jouet qu'on a délaissé quelques minutes auparavant pour un autre, car "la vilaine" l'a récupéré ;
Si on veut LE jouet le plus performant, le plus joli, le plus "ceci ou celà"... les enfants comparent aussi la "quantité". Ils vérifient la quantité d'eau dans leur verre ou de nourriture dans leur assiette. Ils comparent les assiettes qui ne sont pas strictement identiques et on veulent souvent ce qu'ils n'ont pas.
Ils veulent aussi arriver le premier à la porte, à l'ascenseur, au square, aux toilettes, partout en somme !
Aucune demande de l'un n'est répétée aussitôt par l'autre ou les autres occassionnant des "embouteillages" aux "wawa" ou autre activité quelle qu'elle soit.
Pourquoi ce besoin d'avoir "avant" le camarade, d'être le premier, "moi d'abord", "c'est à mooooooa" ?
Si en tant qu'adulte, on a tendance à vouloir réguler ces crises de "jalousie" qui n'en sont pas vraiment, en distribuant la même chose au même moment à tout le monde, et en expliquant que "c'est pour tout le monde la même chose", l'enjeu est ailleurs.
Ce n'est pas l'objet, sa qualité et sa quantité qui interesse l'enfant, c'est avoir une place, sa place, grignotée par les autres membres du groupe.
L'enjeu c'est de conquérir sa place et non plus seulement d'avoir une place d'office et intouchable au soleil comme lorsque l'on est un nourrisson sans défense.
De même que l'on a appris que la terre tournait autour su soleil et non pas le soleil autour de la terre (la terre n'est donc pas le centre du monde brrrrrr !!!!, les enfants doivent aussi apprendre que leur nombril si joli soit-il n'est pas le seul, et que tous les nombrils font partis de l'univers scolaire et social qui est en passe de devenir le leur.
Vaste programme...