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Attends deux minutes...

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Voilà une phrase que je répète 20 000 fois par jour à l'un ou à l'autre alternativement, ou à tous en même temps. 

L'autre jour, une assistante maternelle de mon quartier disait la même chose, c'est une de ses phrases favorites avec les enfants accueillis, comme les siens. 

En effet, il est rare que j'aie les deux mains inoccupées quelques secondes pendant la journée, et donc, je demande aux enfants d'attendre deux minutes, le temps de terminer ce que je suis en train de faire. 

Bien sûr, j'aimerai pouvoir répondre immédiatement aux demandes des uns et des autres, et il m'arrive même de culpabiliser de ne pouvoir le faire. 

 

Mais après réfléxion et lecture de quelques articles sur les enfants en âge d'être scolarisés ou presque, je réalise que ce "délai", cette attente est un des apprentissages fondamentaux pour la vie en groupe. 

 

En effet, un enfant de deux ou trois ans, contrairement à un nourrisson est capable de temporiser sa satisfaction immédiate, et d'endurer la faim, la soif ou une contrariété deux minutes. Tandis que le nourrisson n'a pas de perception du temps, il vit dans l'immédiat (et dans l'éternité), et qu'il se sait dépendant de la bienveillance des adultes, l'enfant de plus de deux ans, plus autonome, a une perception nettement moins angoissante de lui-même et de ses capacités. 

 

Un enfant qui a une autonomie motrice, qui mange seul par exemple, est capable sans demander l'intervention de l'adulte, de faire tout seul : de prendre des jouets, d'attraper un objet en hauteur, de donner ou reprendre quelque chose à un tiers. A ce titre, le sens de la propriété apparait aussi. "ma sucette", "à moi" ! 

 

Ces habitudes d'autonomie à encourager (avec parcimonie pour certaines) sont aussi les témoins de la maturation de l'enfant. De même à l'école, on signale à l'enfant un territoire sous la forme d'une patère pour mettre son manteau, ou d'un casier pour ranger ses dessins...On apprend aussi une règle élémentaire et fondamentale pour la vie en groupe directement liée à la temporisation, celle du "chacun son tour". On ne peut pas plus imposer son bon vouloir immédiat aux instituteurs qu'à la maison. Il faut attendre deux minutes que le copain ait fini son tour aux toilettes pour y aller, qu'il ait finit de se laver les mains pour y aller, attendre encore un moment que le copain qui mange lentement ait fini sa viande pour pouvoir manger son dessert (comme à la cantine, tout le monde mange en même temps). 

 

Voilà bien des attentes plus ou moins longues, des frustrations, un désir de toute puissance et de résultat immédiat bien peu respecté par les adultes.... Ces adultes, assistantes maternelles, instituteurs ou parents ne savent dire qu'une seule chose "attends deux minutes", mais cette pénible sentence infiniment répétée va être enfin admise puis comprise par les enfants. Comme pour les adultes qui pestent en attendant leur tour au guichet de poste ou autre, c'est une pénible leçon de vie en groupe qui s'apprend lentement mais...nécessairement. 

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