Tous les ans (ou presque), je commence l'année de travail en septembre avec l'arrivée de nouveaux enfants, qui pour certains partiront, l'été suivant, pour entrer en maternelle.
Aussi l'année, s'annonce ainsi : on commence tranquillement à s'installer en septembre, il faut encore beau, on sort au parc, on porte encore des tee shirt à manches courtes....
Bref, on prépare (et je me prépare) pour l'année à venir. Des activités sont prévues sur l'année, des petits apprentissages,des progrès...On s'installe dans les starting blocks d'une course de fond qui va durer un an.
En octobre, le froid revient, on remet des tee shirt à manches longues et parfois des vestes légères...Le parcours de fond a commencé.
Ensuite, l'hiver s'annonce, le froid de plus en plus présent qui nous empêche de plus en plus souvent de sortir nous aérer malgré le besoin de tous.
L'hiver est une saison morne pour tous les travailleurs, peu de soleil, des journées d'ensoleillement réduit, l'impression de travailler sans interruption (de la nuit à la nuit).
Il faut ensuite traverser l'hiver sans tomber (trop) malade afin de ne pas devoir s'arrêter de travailler (et empêcher les parents employeurs de travailler eux aussi).
La première partie du marathon est celle ci. C'est une mise en jambes avec le cap difficile de l'hiver. Mais à la fin de l'hiver, on est bien "en jambes", la course peut continuer avec plus d'assurance.
Vient le printemps, et les températures qui remontent. Même avec une veste chaude, on sort volontiers, trop heureux de voir une lumière claire qui remonte le moral des troupes. Finalement on se dit que 10 degrés de température extérieure, c'est chaud (tout est relatif lorsque l'on sort de l'hiver). On a définitivement le moral dans le bonnet (et non plus dans les chaussettes).
La deuxième partie du marathon annuel se déroule presque sans encombres. Le paysage défile, le temps passe agréablement, la fatigue est présente mais très supportable.
Vient le dernier tiers du marathon : le début de l'été et les grandes vacances (si impatiemment attendues par les enfants) et si compliqué pour moi.
Si l'été rajeunit le moral, les jambes continuent de courir droit devant, et commencent à penser à la ligne d'arrivée encore loin.
Bizarrement, c'est l'été qui est le parcours le plus difficile, peut-être plus que l'hiver qui pourtant pèse de tout son poids sur nos têtes et notre moral.
Malgré les pic pic, les sorties à la piscine, les jeux d'extérieurs partagés dans la bonne humeur, les jambes continuent de porter un poids de plus en plus pesant même s'il reste le même.
Vient le jour des vacances scolaires, jour que je marque d'un pierre blanche. C'est la dernière ligne droite du marathon annuel.
Lorsque l'ultime sonnerie de l'école retentit, les grands enfants rejoignent les plus petits et les conflits s'intensifient entre enfants (car les vacances sont faites pour se défouler. Toute la pression de l'année retombe pour eux aussi). Je suis définitivement en décalage avec les enfants qui sont au sommet de leur forme tandis que la mienne baisse fatalement et régulièrement.
D'ailleurs, je salue une fois de plus tous les instituteurs qui toute l'année, effectuent le même parcours que moi (d'une certaine façon) en gérant un groupe d'enfants qu'ils amènent vers le progrès et l'apprentissage. C'est un travail de longue haleine, de patience (et de gestion méthodique de ses efforts pour ne pas s'épuiser).
Vient alors les 10 derniers jours, les mythiques 10 derniers kilomètres du marathon (que je n'ai jamais parcouru, mais dont je comprend l'intensité et la gestion mentale et physique).
Ces dix derniers jours sont les plus difficiles de toute l'année, plus que les épisodes de gastro hivernal, les rhinites d'un mois (voire davantage)...car on voit distinctement la ligne d'arrivée. elle est là, proche et pourtant encore hors de portée.
Le matin, je me lève avec des cernes plus grosses que les valises des prochaines vacances, les jambes vacillent un peu plus mais la tête vise l'accomplissement normal de la journée de travail. Il faut continuer à courir jusqu'à ce soir, ainsi que demain, après demain, après après demain...
La ligne d'arrivée approche, il ne faut pas trébucher avant de l'atteindre. Il faut garder le moral et la motivation, bien respirer et....
.....tout s'arrêtera d'un seul coup, à l'heure H du dernier jour de travail.
Et après, toute la pression de l'année va retomber, toute la fatigue va s'imposer sans la "distraction physique" de la course ininterrompue, les courbatures vont arriver après l'effort d'une course qui aura duré une année.
Et puis, le sommeil réparateur va arriver, il durera un peu moins longtemps que celui de la Belle au bois dormant, un peu moins que celui de Blanche Neige, sera un peu moins réparateur que celui d'un bébé....mais bref...Mission accomplie....
....Bonnes vacances à tous...