Voici un ouvrage emprunté à la médiathèque au rayon enfant, par hasard (ou plutôt choisi pour de mauvaises raisons : un travail thématique sur l'automne, l'humidité, le froid...).
Heureusement que les livres réservent des surprises aux lecteurs indécis.
Le voyage de l'escargot de Ruth Brown, édité chez Gallimard Jeunesse, a un double mérite.
Il parle d'abord du voyage extraordinaire d'un escargot.
A pas d'escargot, nous suivons notre guide gastéropode dans un parcours semé d'obstacles et qui semble particulièrement long et périlleux.
Pour comparer ce qui n'est pas comparable, nous avions aussi lu l'histoire de Margot l'escargot, la drôle de petite bête de la collection d'Antoon Krings (édité chez gallimard jeunesse) qui avait un jour décidé de quitter le jardin de ses parents pour découvrir "le vaste monde".
Il faut surtout se rappeler qu'à "vitesse d'escargot", les limites de leur territoire (un jardin le plus souvent), sont déjà immenses...et "le vaste monde" se situe souvent juste derrière le dernier plant de salade du jardin.
Dans cet ouvrage, le voyage que nous effectuons dans "les pas" de cet escargot (qui n'a pas de nom, qui est un escargot représentatif de tous les autres), nous montrent un voyage qui ressemble à un périple.
A hauteur d'escargot, tout est immense et tout est obstacle.
C'est alors que lorsque épuisé par son interminable et dangereux voyage, l'escargot se couche pour se reposer, nous nous séparons de notre compagnon de voyage minuscule pour (re)prendre de la hauteur.
Et là, nous entrons dans une autre dimension. Nous effectuons un second voyage étonnant, à hauteur d'homme et prenons conscience de la différence stupéfiante de perception d'un animal comparée à celle d'un homme.
La perspective change, et le parcours long et tortueux de l'escargot, s'avère être une courte boucle entre un plant de tomate et quelques fleurs après un passage dans un pot vide (un tunnel effrayant aux yeux de l'escargot).
A travers cet ouvrage, on peut apercevoir deux perspectives : l'une en provenance d'un animal fragile, lent, une proie permanente pour tous les prédateurs vivants mais aussi à la merci des dangers de son lieue de vie.
L'autre perspective en provenance d'un homme, d'un prédateur qui a aménagé ce lieu de vie qu'est le jardin ou vit l'escargot, un prédateur si fort qu'il ne voit même pas le modeste animal.
Finalement, ici on s'aperçoit que les proies et les prédateurs peuvent ne pas se voir tant ils vivent dans des univers différents et pourtant identiques (En voilà une considération interessante et une piste à creuser...)
De plus, on peut se poser la question, qui est le prédateur et qui est la proie dans le jardin ?
L'escargot s'installe dans le jardin du jardinier pour y manger les salades (et autres) que l'homme le super prédateur y a plantés.
L'escargot mange délibérément la nourriture de l'homme, à l'insu de ce dernier (le plus souvent).
Et le jardinier, souvent, ne peut que constater qu'un visiteur inopportun est passé et a mangé ses laitues, et légumes feuillus, qui seront les seuls légumes de l'hiver.
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