Il existe de plus en plus d'ouvrages sur la vie quotidienne des assistantes maternelles.
Enfin, les assistantes maternelles sortent des tristes "faits divers qui leur collent aux baskets" et dont les médias sont friands.
En dehors des blogs de certaines, des ouvrages "témoins" commencent à être publiés.
Enfin, les assistantes maternelles ont le droit de parler, ouf !
Voici donc un livre emprunté dans une bibliothèque bien fournie, et dont on parle régulièrement dans la presse dédiée aux ass mat (notamment dans le magazines "assistantes maternelles")
Une vraie vie de nounou de Françoise Naser (aux éditions Philippe Duval)
J'avoue bien aimer la couverture.
On y voit une "nounou" qui tente de se frayer un chemin sur un labyrynthe de jouets divers, affalée dans une poussette (qui n'est pas à sa taille)
Voilà qui me semble déjà réaliste, malgré l'humour évident qui en ressort.
Après lecture de cet ouvrage, et sans en faire un résumé, on y retrouve des anecdotes "plus vraies que nature", en d'autres termes, nous sommes dans une "nature" tellement étrange qu'elle en est un peu fantastique.
L'auteur, assistante maternelle évoque les questions nombreuses au sujet de l'assistante maternelles, les questions (parfois incongrues) qu'on lui pose (à commencer par le questionnaire de la PMI sur ses motivations de postulante ass mat), et les questions qu'elle se pose sur sa propre pratique.
En fait, les assistantes maternelles ont évolué, ou plutôt les anciennes gardiennes d'enfants et autres nourrices n'existent plus car notre société a heureusement évolué. Les métiers et les hommes évoluant avec elle, les statuts évoluent.
Les assistantes maternelles ont depuis peu (2004), un statut, une convention collective et des droits comme n'importe quel travailleur lambda.
Mais pour sortir de l'obscurité (et de l'obscurantisme) liée à l'accueil des enfants, le chemin s'annonce long, et la patience sera une fois encore notre meilleure arme.
Voici ce que je retiens de cet ouvrage, dans les grandes lignes.
Le statut en construction des ass mat. Le problème est bien là !
Quel statut donner à cette obscure inconnue qui s'occupe à plein temps des chères têtes blondes des "honnêtes gens".
D'où vient-elle ?
Quelle est sa formation ?
Que fait elle de ses journées ?
Les enfants sont-ils en sécurité ?
L'hygiène est-elle respectée...et les maladies ?
Voilà des questions auxquelles l'auteur répond avec ironie mais lucidité.
Quelle est sa formation.
Voilà l'éternel caillou dans notre chaussure basket. Il n'y a pas de diplôme d'assistante maternelle ou plutôt, il n'y a pas de formation diplomante.
La formation obligatoire de 120 heures dispensée par le conseil général est la formation initiale. Qui dit formation initiale sous-entend, formation "secondaire", à parfaire. Il faut donc poursuivre sa formation, seule (envers et contre tous)...
Ainsi, lors des entretiens avec les parents employeurs, on me demande souvent innocemment "avez vous le CAP petite enfance ?" (un gage évident de sécurité).
Voilà une question qui résume bien la situation.
Pour avoir passé (et obtenu) le précieux CAP (en candidat libre, non scolarisé), il n'y a pas de doute. Le CAP petite enfance vise exclusivement l'exercice en collectivité (dans une structure exérieure, entouré de collègues, d'une hiérarchie, de normes, de procédures). Voilà qui a peu en commun avec le travail chez soi (si ce n'est la masse de travail à accomplir seul(e), de l'hygiène, aux repas en passant par l'administratif). Le CAP ne sert à rien dans l'exercice à domicile, si ce n'est à rassurer les parents et les administrations...et d'avoir montré sa volonté d'apprendre et de se former.
Les assistantes maternelles sont donc malgré tout, des "dillettantes" de la petite enfance, des "autodidactes" (pour reprendre les termes de l'auteur), mal vues de tous à commencer par leurs homologues diplomés de l'enfance.
Comment donc faire confiance à des "électrons libres" non formés ?
Mais qui a dit que les diplômes étaient des garants d'efficacité et de sérieux ? Nous sommes nombreu(ses)x à être diplomé(e)s en France et nombreux à faire tout autre chose que ce que nous avons étudié...
A la question que fait-l'assistante de ses journées avec les tout petits ?
La question de l'éveil des tout petit est au centre de cette question, et pourtant il faut prendre garde à ne pas passer à côté (oui, c'est possible).
- L'éveil, kesako ?
- C'est le jeu ? pas tout à fait, même si le jeu est un vecteur d'éveil. Les jeux méthodiquement inventés par les industriels sont adpatés mais insuffisants pour satisfaire les capacités galopantes des tous petits.
- Ce sont les activités "semi dirigées" (souvent inspirées de ce qui se passe à l'école maternelle) ? non ! Les activités sont une contrainte (souvent) rébarbative pour le tout petit et vise surtout à faire plaisir aux parents en ramenant un "trophée" à sa maison, et sert aussi à justifier de manière ostensible le travail de l'assistante maternelle.
- C'est la motricité ? Oui et non. Parmi les acquisitions des tout petits, il y a les progrès moteur (position assise, débout, marche, puis maitrise de le motricité fine : les doigts obéissent (enfin) à la tête).
La motricité est au centre de l'éveil, mais c'est un vecteur, lui aussi non exclusif comme les jouets.
- Mais alors c'est quoi l'éveil ?
- C'est peut-être un peu de tout ça, et surtout de la curiosité et du plaisir. L'envie d'explorer, de tester, de renverser ce qui se trouve sur son chemin. Et après la curiosité vient la satisfaction, le plaisir d'avoir trouvé un truc satisfaisant. Mais pour y arriver, que de détours, que de temps (apparement) perdu mais dans les faits, c'est du temps qui a été pris.
A la question de l'automonie des touts petits
- Comment définit-on l'autonomie d'un enfant ?
- à la propreté, à la capacité de manger seul (ou presque), à la capacité de s'asseoir seul sur une chaise ?
Voici une autre épineuse question dont la réponse oscille entre demandes parfois pressantes (voire oppressantes) des parents, rythme tranquille des enfants et connaissances professionnelles (et instinct) de l'assistante maternelle. Les trois personnages de cette pièce de théâtre (l'enfant, le parent et l'assistante maternelle) sont souvent en opposition, en désaccord, et la comunication passe par l'incompréhension.
Nous voilà donc sur le chemin tortueux de la communication professionnelle une fois encore. Comment expliquer qu'avant l'heure c'est pas l'heure et après l'heure, c'est...urgent !
A la question ultra épineuse de la bobologie
Voilà un des principaux caillou dans la chaussure des ass mat et le signe le plus criant de l'impuissance des assistantes maternelles à pouvoir agir (car selon la légende, nous ne sommes pas des professionelles).
Il faut veiller au bien être et l'épanouissement des enfants en accueil sauf quand ils sont malades (soit la quasi totalité de l'hiver) ou du moins il faut respecter un protocole aministratif de soin, variable et...presque insaisissable.
Comme on le lui rappelle aussi souvent que necéssaire, l'assistante maternelle n'est pas médecin et n'a pas à poser de diagnostique, et n'a pas davantage le droit de soulager un enfant malade hors protocole. Il faut donc patienter et attendre que le virus s'épuise, en priant pour que le virus n'aie pas la bonne idée de migrer sur le petit copain.
Il faut aussi éviter d'empêcher les parents de travailler en leur imposant de garder leur enfant, et s'éviter soi-même de ne pas travailler de tout l'hiver en refusant alternativement tous les enfants maladifs mais non diagnostiqués. Bref, l'hiver, il faut serrer les dents et les poings et patienter.
A la question de l'hygiène :
Les mamans sont souvent ultra sévère sur l'hygiène craignant la contagion pour leur petit.
Combien de fois n'ai-je pas entendu cette phrase difficile à accepter : "je suis allée chez une assistante maternelle, c'était très sale".
Je moins joint à l'auteur pour dire que l'hygiène très important mais doit être redéfini.
Qu'est ce que la saleté ? les poils de chats qui volent dans les pièces, les miettes à terre ? il faut bien l'avouer, une maison pleine d'enfants est fatalement une maison en désordre (avec l'impression de saleté), c'est une maison où les repas sont éparpillés partout, où les traces de chaussures sur le sol se renouvellement à chaque sortie (et entrée des parents, poussette, famille ou copains des parents...si, si). Si, l'hygiène est une priorité, la propreté impeccable est une mission impossible et impensable. Il faut exposer les enfants à un minimum de germes pour apprendre à leur résister et construire un système immulitaire sain. Une maison qui sent bon la javel, sans animaux, sans poussière, sans acariens....c'est un hôpital.
Merci à cette assistante maternelle d'avoir témoigné de la vraie vie quotidienne, loin des clichés, des héritages de l'imaginaire collectif (de notre "dette" laissée par les terribles nourrices infanticides du XVIIIème siècle), et des questions inutiles et utiles que l'on se pose.
Après les questions, c'est à nous, assistantes maternelles, de construire et donner des réponses...car notre histoire ne fait que commencer.
Tout est à inventer et à écrire.
psssst l'ouvrage est notamment disponible ici :
Par ailleurs, certaines questions mentionnées dans l'ouvrage de Françoise Naser, ont été vues sur ce blog, ici :
Au sujet du jeu libre/assisté et de l'autonomie :
jouer c'est du sérieux
http://www.fannyassmat.fr/article-les-enjeux-des-jeux-et-jouets-avec-les-enfants-114947483.html
la salade de jeux
http://www.fannyassmat.fr/2015/03/la-salade-de-jeux-des-enfants-jolie-et-delicieuse-pagaille.html
les jeux à inventer chez l'assistante maternelle
Au sujet de l'hygiène :
http://www.fannyassmat.fr/2015/03/j-aime-les-taches-je-suis-assistante-maternelle.html
et du rangement...participatif
et du dérangement...participatif
http://www.fannyassmat.fr/article-le-chaos-a-la-maison-114183201.html